Bien évidemment il est trop tôt pour connaître l’origine de l’accident Lubrizol à Rouen et pour s’exprimer sur sa gestion. Mais on peut d’ores et déjà dire que les moyens d’alerte ont montré, une nouvelle fois, leurs limites.
Nous savons, depuis de nombreuses années, qu’un système basé sur l’utilisation de sirènes et des médias (même sociaux) n’est pas efficace ou tout au moins pas suffisant. La sirène n’est souvent pas entendue. Et quand bien même elle l’est, les consignes associées à l’émission d’un signal sonore ne sont pas connues. « Dois-je évacuer ? Dois-je me confiner ? Pourquoi la sirène sonne-t-elle ? etc. »
Ce système à l’ancienne est dépassé. Nous le vérifions lors de chaque nouvel incident, d’autant plus fortement aujourd’hui que les réseaux sociaux brouillent désormais parfois les messages officiels. Pour y remédier, les communes paient des systèmes d’appel téléphonique par automate qui permettent, en situation d’urgence, de diffuser un message, une consigne, etc. à la population. Ces systèmes d’appel requièrent l’inscription volontaire sur les listes d’appel. Cette contrainte est un frein indépassable pour assurer une diffusion des consignes au plus grand nombre.
De nombreux pays tels que les États-Unis, le Chili, le Japon, ou encore les Pays-Bas, s’appuie sur une technologie (le cell broadcast) qui permet la diffusion rapide d’un message intelligible et facilement identifiable à l’ensemble des téléphones situés dans un espace géographique donné. Pourquoi est-il impossible de déployer cette technologie en France ? Plus largement, à chaque accident, incident, événement, etc. nous constatons des dysfonctionnements dans la communication qui est faite. Pourquoi une réflexion plus large n’a-t-elle jamais été engagée sur l’information publique d’urgence (précision des messages et des consignes à transmettre, etc.) et sur la sensibilisation voire la formation des populations ?
Yves BLEIN, président d’AMARIS et député du Rhône