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Trois questions à Alban Bruneau,
président de l’association AMARIS
« Seul un dialogue élargi et véritablement constructif peut répondre aux enjeux des risques actuels et à venir. »
Risques chroniques, pollutions et environnement, complexité croissante des facteurs dangereux, impacts du dérèglement climatique, les problématiques liées aux risques industriels ont beaucoup évolué ces dernières années. Et aucun acteur ne peut aujourd’hui penser apporter une réponse globale. Plus que jamais, toutes les parties prenantes doivent apprendre à vraiment travailler ensemble.
En plein préparatif de la 2e édition des Rendez-vous Majeurs, nous avons souhaité donner la parole à Alban Bruneau, président de l’association AMARIS, mais aussi maire de Gonfreville-l’Orcher et vice-président du Havre Seine Métropole en charge des risques majeurs et environnement industriel. Pour connaître ses attentes et ambitions vis-à-vis de l’événement, comme organisateur mais surtout comme élu au cœur des enjeux de prévention des risques industriels.
RDVM 24 : « Pour cette édition, vous avez voulu que les Rendez-vous Majeurs intègrent les risques chroniques et plus seulement accidentels. Pourquoi cette évolution vous a-t-elle semblé importante ? »
Alban Bruneau : « C’est en effet la première fois que les risques chroniques, et plus globalement la problématique des pollutions industrielles, sont intégrés aux Rendez-vous Majeurs. C’est même la première fois qu’un temps d’échanges et de réflexions avec l’ensemble des parties prenantes leur sont consacrés au niveau national. Cette évolution concrétise une mutation à l’œuvre dans la société française, où les questions de santé et de pollution, et de risque environnemental, ne cessent de prendre de l’ampleur. Les citoyens sont inquiets et veulent des réponses, et nous devons essayer de leur en apporter. Cette première correspond également à une évolution dans les missions d’AMARIS. Notre association a toujours eu pour objectif d’accompagner les collectivités dans la gestion des risques technologiques majeurs sur leur territoire, de leur fournir des outils et des connaissances là où n’y avait rien et où elles étaient seules. Aujourd’hui, être fidèle à cette histoire, c’est aller sur le sujet de la prise en compte des pollutions industrielles. Depuis 2022, nous investissons la question des risques chroniques, de l’impact des pollutions industrielles sur la santé et l’environnement, à travers un programme dédié de trois ans. Il nous permet d’ores et déjà d’avoir une vision plus claire et de pouvoir en faire bénéficier nos adhérents comme les participants des Rendez-vous Majeurs. »
RDVM 24 : « Au-delà des risques chroniques, où se situent, pour vous, les enjeux essentiels de la prévention des risques pour les années à venir ? »
Alban Bruneau : « Ils sont nombreux. Et ce, principalement parce que les risques augmentent et se complexifient. La pollution industrielle en est un bon exemple : qu’il s‘agisse des PFAS ou des rejets de substances polluantes dans l’air ou l’eau, nous manquons de connaissances, d’études fiables, de normes applicables, etc. Il en va de même pour les risques « natech » ou les nouvelles technologies qui sont au cœur de la réindustrialisation. Dès lors, la seule et unique solution réside dans la création d’instances de dialogue et d’échange, qui regroupent tous les acteurs et soient véritablement constructives. Il ne s’agit pas de produire toujours et encore des réunions qui ne débouchent sur aucune décision concrète, mais bien d’espaces qui s’ancrent dans le réel, qui travaillent sur des données et réalisations de terrain, qui puissent poser des diagnostics partagés et engagés des actions. Ce n’est pas une vue de l’esprit, de telles instances existent déjà sur le territoire. Il s’agit désormais de les faire connaître, de comprendre comment et pourquoi elles sont opérationnelles, et de trouver les moyens de les appliquer ailleurs. J’espère et je crois que ces Rendez-vous Majeurs seront, entre autres, l’occasion de mettre en valeur de telles initiatives. »
RDVM 24 : « Vous pensez à la gouvernance associative qui organise la gestion des risques sur la zone industrielle et portuaire du Havre, à laquelle vous participez comme élu ? »
Alban Bruneau : « Oui, bien sûr, mais pas seulement. Au Havre, c’est construit progressivement une approche collective de la sécurité et non plus site par site. La dynamique date des années 2000. L’ensemble des acteurs clefs en matière de risques majeurs ont reconnu la nécessité de disposer d’une structure permanente commune afin de rechercher les meilleures solutions d’alerte et d’information des populations. L’Office des Risques Majeurs de l’Estuaire de la Seine – ORMES est créé en 2003 dans cette optique. Cette gouvernance a été renforcée avec l’élaboration du PPRT et la création de l’association Synerzip-LH, qui regroupe les industriels de la ZIP.
Je pense également au territoire de l’étang de Berre où les initiatives sont riches et multiples. Dans cette zone, il y a l’Institut Ecocitoyen que beaucoup de collectivités commencent à envier à la ville de Fos-sur-Mer. Il y a aussi un SPPPI dynamique, des commissions locales d’Information et d’Échanges (CLIE) et une démarche lancée récemment par le sous-préfet d’Istres, Régis Passerieux, le laboratoire territorial industrie Fos-Berre. Initié par l’État en 2022, il mobilise les parties prenantes du territoire, pour travailler à l’avenir industriel du Golfe de Fos et du pourtour de l’Étang de Berre. Cette démarche s’inscrit dans une dynamique de relations et d’échanges entre les responsables économiques et les habitants du territoire et leurs représentants, afin de prendre en considération les enjeux liés à l’implantation de projets industriels et les préoccupations des populations en matière de cadre de vie, santé publique et environnement. Ce sont autant de démarches inspirantes que les participants pourront découvrir le 3 octobre. »