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29/08/24

Premier bilan accidentologique des tempêtes de novembre 2023

 

Au sein du ministère de la Transition écologique / Direction générale de la prévention des risques, le Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industriels (BARPI) est chargé de rassembler, d’analyser et de diffuser les informations et le retour d’expérience en matière d’accidents industriels et technologiques. A la fin du mois de juin, il a publié une synthèse de l’accidentologie liée aux épisodes de tempêtes ayant frappés la France en novembre 2023.

 

Ces événements météorologiques ont eu des conséquences importantes, engendrant notamment trois décès, des coupures électriques de grande ampleur avec plus d’un million de personnes privées d’électricité pendant plusieurs jours, des services routiers et ferroviaires à l’arrêt, et un coût global estimé à 1,3 milliard d’euros. Sur les installations classées, 27 événements consécutifs à ces tempêtes ont été enregistrés. Si aucun phénomène dangereux notable (incendie, explosion ou rejet de matières dangereuses ou polluantes) n’a été observé, l’impact social et économique est important.
Et surtout, l’absence de préparation et d’anticipation ont largement joué en défaveur des exploitants.

Lire la synthèse ici.


29/08/24

Trois questions à Philippe Chamaret

Responsable de l’Institut Écocitoyen pour la Connaissance des Pollutions (IECP Fos-Berre)

 

“Les pollutions industrielles représentent un vaste champ de méconnaissance”

 

 

À l’instar de ce qui se passe dans la société française, les Rendez-vous Majeurs accordent cette année une place importante aux questions de pollutions industrielles et de santé publique. Peut-être aussi parce que dans le cercle des acteurs de la prévention des risques, cette problématique peine encore à trouver un écho concret. Or, il devient urgent de s’en emparer. D’autant plus que des expériences inspirantes existent déjà, comme l’Institut Écocitoyen pour la Connaissance des Pollutions.

 

L’Institut Ecocitoyen (IECP) est un centre de recherche sur l’environnement et les effets des pollutions sur la santé. Il a été créé à Fos-sur-Mer en 2010 à l’initiative des élus pour faire suite à une forte demande citoyenne. Il s’agissait de développer la connaissance du risque environnemental sur un territoire industriel complexe, pour améliorer la qualité de l’air, des sols et du milieu marin. Le programme d’études, essentiellement bâti sur les interrogations des habitants et de leurs élus, répond aux nombreux enjeux souvent contradictoires de la zone de Fos-Berre. Il est réalisé par une équipe de scientifiques qualifiés en chimie de l’environnement, en biodiversité, en pathologies environnementales, appuyés par un consortium national de laboratoires universitaires. Ainsi, l’IECP a permis de construire des méthodes de suivi adaptées aux milieux complexes et d’élaborer des méthodes alternatives pour la dépollution des sols. 

 

RDVM : Les pollutions industrielles, votre sujet d’étude depuis plus de 10 ans, constituent un thème central des Rendez-vous Majeurs cette année. Quelle est votre vision de cette thématique et de ses enjeux actuels ?

Philippe Chamaret : “ En fait, la question des pollutions industrielles parle avant tout du vécu des habitants. Ce sujet permet d’aborder le risque de façon intégrée : sa dimension chronique, comment il impacte le quotidien des gens, l’aspect sensoriel (odeurs, bruit, flammes, panaches de fumée). C’est donc une très bonne porte d’entrée pour dialoguer avec les populations : interroger leur quotidien permet de les embarquer dans une démarche de production de connaissances. 

Plus largement, je dirais que les pollutions industrielles représentent aussi un vaste champ de méconnaissance. Aujourd’hui, on peut difficilement affirmer quelles peuvent être les conséquences de l’exposition d’une population à un ou plusieurs polluants, à l’exception de certaines substances comme l’amiante ou le plomb. Mis à part ces cas très rares, il y a trop de paramètres en jeu. Ce champ de méconnaissance appelle la recherche pour des raisons scientifiques évidentes. Mais il appelle tout le monde en fait, car, quand on connaît peu de choses sur un sujet, il est crucial de définir les questions pour y entrer. Et celles-ci doivent être formulées par les acteurs des territoires en tension : les résidents, les associations, les collectivités, les exploitants, les scientifiques. 

Enfin, les pollutions industrielles sont le marqueur de l’innovation. Pour le dire simplement, l’industrie dépense des sommes colossales pour inventer des choses nouvelles, sans forcément investir autant dans la recherche sur les risques qu’elles engendrent. Donc, nous sommes sans cesse en train de courir derrière l’innovation. Je pense qu’il faudra un jour changer d’approche : plutôt que de jouer au chat et à la souris, pourquoi ne pas investir dans la connaissance a priori, pour éviter de faire face à des situations catastrophiques 30 ans plus tard. L’exemple des PFAS est, à ce titre, tout à fait emblématique.

 

RDVM : Selon vous, à quels besoins répond l’IECP ?

Philippe Chamaret : “J’en vois plusieurs. Tout d’abord, il permet de prendre en compte les spécificités des territoires. Il y a peu de choses communes entre la zone de Fos-étang de Berre, la vallée de l’Arve ou la vallée de la chimie au sud Lyon, malgré leurs similarités en tant que territoires industriels marqués par un fort trafic routier. Les activités y sont différentes, comme le climat ou les façons de vivre. Pourtant, chacun de ces territoires est suivi – grosso modo – par la même réglementation, limitée à quelques polluants souvent peu spécifiques du lieu. Ce canevas monolithique rend l’action de prévention peu efficace, et laisse peu de place à la recherche pour investiguer des paramètres intéressants, bien que non réglementaires. Alors que ces investigations complémentaires devraient être légitimes et normales. Or le défaut de connaissances est un frein à l’action des collectivités et des autorités pour conduire des actions de prévention ou de dépollution des milieux. Dans ce contexte, l’Institut développe une connaissance scientifique qui se veut adaptée aux enjeux locaux, qu’il confie aux décideurs et aux usagers du territoire. En lien constant avec eux, il leur permet de disposer d’informations et de données fiables pour conduire leurs politiques environnementales.

Ensuite, il existe un besoin vital des citoyens d’être écoutés. De telles instances se créent là où les gens expriment une exaspération face au sentiment de silence et de surdité des autorités. Souvent, la seule réponse apportée aux questions est : “tout est prévu, ne vous inquiétez pas”. Ce genre de réponse passe de plus en plus difficilement. Face à cela, nous créons un espace d’expression et de transformation en sujet scientifique, où il est possible d’écouter, de problématiser et d’essayer de trouver des réponses. 

Enfin, je crois qu’il répond à un besoin de participation. Cette tension autour des questions des citoyens (fondées sur leur vécu et leur personne) et les réponses des experts (fondées sur un automatisme propre à la puissance administrative) crée un espace politique d’engagement. Les riverains des zones industrielles et, plus généralement, des territoires exposés aux polluants issus des activités humaines, ne veulent plus subir leur situation. Ils veulent s’engager, se mobiliser, être acteurs de leur vie et de leur avenir. L’ambition de l’Institut est de créer un espace qui permet cela. ”

 

RDVM : Alors que l’IECP a très longtemps œuvré seul, ces dernières années ont vu la naissance d’autres instituts, dans la vallée de l’Arve ou dans le département de l’Aude par exemple.  Comment expliquez-vous cette émergence ?

Philippe Chamaret : “ A mon sens, plusieurs raisons peuvent expliquer cette évolution. Tout d’abord, les problèmes de pollution sont de plus en plus connus et médiatisés. Il y a une prise de conscience collective très importante. Par ailleurs, très longtemps, les collectivités locales ont été en retrait. Elles ont peu de pouvoirs et peu de responsabilités dans ce domaine. Mais actuellement les choses évoluent, notamment avec la diminution des moyens et des compétences de l’État en matière de prévention des risques et de réduction des expositions aux polluants. Enfin, ce désinvestissement de l’État, porte sur sa capacité à organiser le dialogue entre les parties prenantes. J’en veux pour preuve le plan d’action gouvernemental sur les PFAS par exemple, qui en la matière ne propose que “de la transparence sur les contaminations”.

Ces différents aspects mènent donc aujourd’hui à l’émergence des démarches similaires, déclinées sous différents formats : instituts citoyens, écocitoyens, observatoires écocitoyens, observatoires de la santé, etc. Quels que soient leurs noms, ces pôles partagent tous le même objectif, à savoir de développer la connaissance par la recherche, pour répondre aux besoins et aux enjeux locaux, de la façon la plus participative possible. La connaissance doit découler d’un besoin prononcé, répondre à une question posée par le territoire, et non pas arriver de nulle part, histoire de dire que l’on a fait quelque chose.

 


29/08/24

RDVM #24, Un programme partagé, construit sur une année

 

 

Plénière, ateliers, tables rondes, thématiques et objectifs, tous les aspects de ces Rendez-vous Majeurs 2024 ont été évoqués, argumentés et choisis collectivement. Un comité de pilotage unique en son genre s’est constitué pour l’occasion, grâce auquel nous avons abouti à un programme réellement en phase avec vos attentes.

 

On ne le répétera jamais assez : l’objectif d’AMARIS, pour ces Rendez-vous Majeurs, vise à organiser un événement en lien avec l’actualité, qui puisse être utile à tous les acteurs de la gestion des risques industriels. Il n’a donc jamais été question pour nous de réfléchir seul au programme de cette journée. Une année durant, nous avons enchaîné les rencontres et groupes de travail, avec un seul objectif : mettre en discussion tous les aspects de nos rencontres, avec le panel le plus représentatif possible. Un travail en plusieurs étapes, parfois complexe, mais dont l’apport est aujourd’hui indéniable. 

 

Toutes les parties prenantes, et plus encore

Pilotée par AMARIS et la DGPR, la démarche d’élaboration du programme a été conçue pour associer tous les partenaires qui souhaitaient s’engager. Et ce, au sein des sept principaux collèges : l’État, les industriels, les salariés, les collectivités locales, les riverains, les ONG et les experts des différents champs de connaissance concernés. Nous sommes particulièrement heureux et reconnaissants du nombre et de la qualité des personnes, entreprises, institutions, associations, etc. qui se sont impliquées dans ce processus, avec, pour cette édition, des premières significatives, comme la participation de syndicats de salariés ou de riverains. Sur l’ensemble du processus, ce sont plus de 63 personnes, représentants 38 entités, qui ont permis d‘aboutir au programme final.

 

La plénière du matin

Pour ce temps essentiel de notre événement, la question du thème ne s’est pas posée, tant la nécessité d’aborder la problématique des pollutions industrielles était évidente. Depuis 2022, AMARIS s’est engagée sur ce terrain à travers un programme dédié. Parce que nos adhérents nous le demandaient, parce qu’aucune étude globale n’avait été menée à l’époque sur ce sujet. Depuis, chacun a pu juger de l’ampleur qu’a pris cet enjeu dans le débat public. Mais s’il est très présent, c’est aussi parce qu’il est complexe et sensible. Or, il nous paraissait fondamental de trouver un moyen d’aborder cette question d’une façon dépassionnée et constructive. Pour cela, en plus des collèges concernés, nous nous sommes adjoint les services d’une entreprise spécialisée en intelligence collective. Et c’est au terme de quatre séances de travail intense que ce groupe est parvenu à la forme que nous vous présenterons le 3 octobre, et dans un article spécifique dans quelques jours : le tribunal des idées.

 

Les ateliers de l’après-midi

Dès novembre 2023, nous avons identifié les sujets saillants du moment, à savoir les PFAS, la transition industrielle, les risques “natech”, le dialogue territorial et la culture du risque. Pour chacun de ces thèmes, nous avons identifié un partenaire spécialiste, susceptible de devenir copilote d’un atelier ; avec lequel nous avons affiné les problématiques. À partir de début 2024, nous avons organisé une vaste consultation électronique pour vérifier l’intérêt de nos approches et  évaluer vos attentes. Nous avons eu le plaisir de constater que les sujets retenus étaient plébiscités à 97%, et vos propositions nous ont aidés à affiner les angles choisis pour traiter chacun d’eux. Enfin, de mars à fin mai, des rencontres avec différents experts nous ont permis de finaliser la problématisation des sujets, le choix des formats et la sélection des intervenants.

 

Aujourd’hui, alors que l’intégralité du programme est bouclé et qu’il correspond en tout point à nos ambitions, nous tenions à remercier l’ensemble de nos partenaires, tout particulièrement les copilotes des ateliers et tables rondes (AFPCNT, ICSI,  Inéris, Institut Ecocitoyen), et toutes les personnes qui se sont impliquées pour le construire. Cette réussite est avant tout la leur.