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Les Nez Normands, une idée qui a eu du flair !

 

Il y a maintenant plus de 25 ans, Atmo Normandie, un réseau de surveillance de la qualité de l’air en Basse et Haute-Normandie, créait les Nez Normands, un réseau de citoyens bénévoles formés à l’analyse olfactive de l’air. Aujourd’hui, de nombreuses entreprises du territoire se sont emparées de cet outil et plusieurs régions françaises s’y intéressent de près. Retour sur une démarche sensible, impliquante et bougrement efficace, qui œuvre à développer une culture des risques, sans en avoir l’air.

 

Tout s’accélère avec la loi de 1996, qui inclut les nuisances olfactives excessives dans la définition de la pollution de l’air. Sur le papier, il devient désormais possible d’agir sur les odeurs produites par l’industrie ou l’agriculture. Mais encore faut-il être en mesure de les identifier, de les qualifier, de les quantifier… Et ce, partout où elles peuvent survenir. La tâche semblait d’autant plus difficile que, de nos cinq sens, l’odorat est l’un des moins enseigné et analysé, et notre perception des odeurs repose souvent sur des émotions ou des souvenirs, brefs, des données subjectives. Or, pour dialoguer avec des scientifiques ou des industriels, il faut des informations précises et donc un langage commun. 

 

Mettre des mots sur des odeurs

Pour développer cette compétence, Atmo Normandie s’appuie sur le Langage des Nez©, un protocole servant à décrypter des émissions odorantes, à la source ou dans l’environnement. Il s’agit d’un apprentissage qui permet de décrire tout type d’odeurs perçues par le nez, à travers un langage commun et pouvant donc être partagé. Une description précise, objective et répétable entre individus devient possible. Atmo Normandie propose ainsi des formations scientifiques de plusieurs dizaines d’heures, à des bénévoles citoyens devenus experts, et même lanceurs d’alertes. 

 

Un moyen d’agir sur son cadre de vie

En parallèle de ces formations, la plateforme SignalAir permet aux Nez Citoyens de faire part de leurs observations. Plus de 3 000 signalements d’odeurs ont ainsi été collectés en 2023, des informations recoupées et remontées rapidement aux industriels de la zone. Comme l’explique Véronique Delmas, directrice d’Atmo Normandie, “en collaborant directement avec les habitants, qui sont les mieux placés pour identifier les odeurs gênantes, nous pouvons objectiver ces odeurs en termes d’intensité et de type, et établir un lien avec les processus industriels. Les exploitants peuvent ensuite identifier les zones nécessitant des améliorations et de suivre objectivement l’impact de leurs actions.” Pour les habitants, c’est aussi la possibilité d’être acteur de sa sécurité et de bien-être au quotidien. Et ce, sans autre matériel que son nez !

 

Une méthode en pleine croissance

Très vite, de nombreux industriels ont perçu l’intérêt de ce protocole et ont souhaité former certains de leurs salariés, devenant eux-mêmes des sentinelles pour faire face à d’éventuelles émanations. Par ailleurs, “grâce à ce langage commun, le Langage des Nez, citoyens et industriels dialoguent, se comprennent et coopèrent pour améliorer leur cadre de vie commun. Cette approche coordonnée est unique au monde par sa dimension et sa durée.” Et elle fait clairement des émules. En effet, de nombreuses régions et associations de surveillance de l’air s’intéressent désormais de près au Langage des Nez et développent cette démarche sur leur territoire.

 

Avec plus de 25 ans d’existence, et toujours plus d’actions menées, la démarche des Nez Normands a prouvé son efficacité que le terrain de la surveillance et de la prévention. Elle dénote également d’une nouvelle prise en compte des risques : par l’implication directe des citoyens, via des protocoles scientifiques mais finalement assez simples, elle permet à chacun de se sentir concerné et engagé.